Page:Michelet - OC, Les Femmes de la Révolution, Les Soldats de la Révolution.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
284
LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

Nos assemblées, inspirées de ce dogme, voulaient qu’il passât dans les monuments.

La Législative essaya de fonder les premiers autels de cette religion de justice. Elle ordonne qu’en chaque municipalité, au lieu où l’on enregistre les trois grands actes de l’homme, — naissance, mariage et mort, — un autel soit élevé.

Malheureusement cette idée ne fut point suivie. Les circonstances terribles qui vinrent en empêchèrent l’exécution, comme celle de tant d’autres choses. Un seul homme la réclama, et apporta son enfant au nouvel autel. Cet homme, qui comprenait si bien la Révolution, était précisément celui qui l’avait commencée le 12 juillet 89, c’était le grand écrivain de l’époque, Camille Desmoulins.

Le jour où la Révolution, ressuscitée, rendra la France à elle-même, elle commencera nécessairement par se poser dans sa vérité, qui est, nous le répétons, d’être une religion, et par se dresser son autel.


Le grand monument populaire ne serait pas autre chose que le premier de ces autels décrétés par l’Assemblée législative.

Il serait placé, naturellement, au centre de Paris.

Qu’on le mette à la place de la Concorde, entre les Tuileries et l’Arc de Triomphe, au lieu des grands souvenirs et des grandes leçons, au Saint des saints de la France.

Ôtons d’abord, envoyons au Musée, dans un coin de la cour du Louvre ou de la Bibliothèque, cet