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LES FEMMES DE LA RÉVOLUTION

l’absolution ! — Ah ! ma fille, vous l’avez. — Mais elle ne le tint pas quitte : le retenant par sa soutane, elle le fit rester sous le feu.

Tout intrépides qu’elles fussent, ces dames n’en furent pas moins d’un grand embarras pour l’armée. Outre cinquante carrosses où elles s’étaient entassées, il y en avait des milliers, ou en charrette, ou à cheval, à pied, de toutes façons. Beaucoup traînaient des enfants. Plusieurs étaient grosses. Elles trouvèrent bientôt les hommes autres qu’ils n’étaient au départ. Les vertus du Vendéen tenaient à ses habitudes ; hors de chez lui, il se trouva démoralisé. Sa confiance en ses chefs, en ses prêtres, disparut ; il soupçonnait les premiers de vouloir fuir, s’embarquer. Pour les prêtres, leurs disputes, la fourbe de l’évêque d’Agra, les intrigues de Bernier, leurs mœurs jusque-là cachées, tout parut cyniquement. L’armée y perdit sa foi. Point de milieu ; dévots hier, tout à coup douteurs aujourd’hui, beaucoup ne respectaient plus rien.

Les Vendéennes payèrent cruellement la part qu’elles avaient eue à la guerre civile. Sans parler des noyades qui suivirent, dès la bataille du Mans quelque trentaine de femmes furent immédiatement fusillées. Beaucoup d’autres, il est vrai, furent sauvées par les soldats, qui, donnant le bras aux dames tremblantes, les tirèrent de la bagarre. On en cacha tant qu’on put dans les familles de la ville. Marceau, dans un cabriolet à lui, sauva une demoiselle qui avait perdu tous les siens. Elle se souciait peu de vivre et ne fit rien pour aider son libérateur ; elle fut jugée et périt. Quelques-unes épousèrent ceux