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LES FEMMES DE LA RÉVOLUTION

des principaux foyers du fanatisme royaliste. Elle finit par s’enfuir en Auvergne, et délaissa son mari, qui devint, peu à peu, le champion de la royauté.

Les vainqueurs de La Fayette, les Girondins, ont été de même gravement compromis, on l’a vu, par les femmes. Nous avons énuméré ailleurs les courageuses imprudences de Mme Roland. Nous avons vu le génie de Vergniaud s’endormir et s’énerver aux sons trop doux de la harpe de Mlle Candeille.

Robespierre, très faussement accusé pour les légèretés de son frère, le fut avec raison pour le culte fétichiste dont il se laissa devenir l’objet, pour l’adoration ridicule dont l’entouraient ses dévotes. Il fut vraiment frappé à mort par l’affaire de Catherine Théot.

Si, des républicains nous passons aux royalistes, même observation. Les imprudences de la reine, sa violence et ses fautes, ses rapports avec l’étranger, contribuèrent, plus qu’aucune autre chose, à précipiter le destin de la royauté.

Les Vendéennes, de bonne heure, travaillèrent à préparer, à lancer la guerre civile. Mais l’aveugle furie de leur zèle fut aussi l’une des causes qui la firent échouer. Leur obstination à suivre la grande armée qui passa la Loire en octobre 93, contribua plus qu’aucune chose à la paralyser. Le plus capable des Vendéens, M. de Bonchamps, avait espéré dans le désespoir, dans les forces qu’il donnerait, quand, ayant quitté, son fort, son profond Bocage, et mise en rase campagne, la Vendée courrait la France, dont les forces était aux frontières. Cette course de sanglier voulait une rapidité, un élan terribles, une déci-