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Mlle KÉRALIO

celui des affaires étrangères, et qu’il fasse donner quelque mission à Robert. – Je crois qu’il est dans l’austérité de M. Roland de ne solliciter personne, et de ne se point mêler du département de ses collègues ; mais comme vous n’entendez probablement qu’un témoignage à rendre du civisme de votre mari, je le dirai au mien. »

« Mme Robert se mit aux trousses de Dumouriez, à celles de Brissot, et elle revint, après trois semaines, me dire qu’elle avait la parole du premier, et qu’elle me priait de lui rappeler sa promesse quand je le verrais.

« Il vint dîner chez moi dans la semaine ; Brissot et d’autres y étaient : « N’avez-vous pas, dis-je au premier, promis à certaine dame, fort pressante, de placer incessamment son mari ? Elle m’a priée de vous en faire souvenir ; et son activité est si grande, que je suis bien aise de pouvoir la calmer à mon égard, en lui disant que j’ai fait ce qu’elle désirait. — N’est-ce pas de Robert dont il est question ? demanda aussitôt Brissot. — Justement. — Ah reprit-il avec cette bonhomie qui le caractérise, vous devez (en s’adressant à Dumouriez) placer cet homme-là c’est un sincère ami de la Révolution, un chaud patriote ; il n’est point heureux ; il faut que le règne de la liberté soit utile à ceux qui l’aiment. — Quoi ! interrompit Dumouriez avec autant de vivacité que de gaieté, vous me parlez de ce petit homme à tête noire, aussi large qu’il a de hauteur ! mais, par ma foi, je n’ai pas envie de me déshonorer. Je n’enverrai nulle part une telle caboche. – Mais, répliqua Brissot, parmi les