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LES VENDÉENNES EN 90 ET 91

montra dans trois lieux différents, et toujours près d’un vieux chêne druidique. Son lieu chéri était ce Saint-Laurent, d’où les Filles de la sagesse colportaient les miracles, l’appel au sang.

Cette violente et directe préparation de la guerre civile, cette entente profonde des femmes avec les prêtres, des prêtres avec le roi, celle du roi (soupçonnée alors, prouvée depuis) avec les ennemis de la France, dont il appela les armées dès 1791, tout cela, dis-je, eut son effet. Les royalistes constitutionnels, qui avaient cru pouvoir concilier la liberté et la royauté, ménager l’ancien culte, se trouvèrent cruellement démentis par le roi même et le clergé ; ils furent brisés, firent place aux Girondins qui tuèrent la royauté, aux Montagnards qui tuèrent le roi, mais qui, par cela même, créèrent dans la sensibilité populaire et dans le cœur des femmes la plus redoutable machine de la contre-révolution : la légende de Louis XVI.