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Donc, voici la rude carrière, hérissée des débris des âges, qui verdoie, produit encore, se couvre de tant de feuilles qu’elle n’en eut jamais de telles avant qu’on n’y mît le fer. « Sauvage végétation d’hiver ? noirs sapins ? tristes bouleaux ?. » Mais non pas qu’à cette tristesse ne se mêle l’aubépine en fleur. Ce que j’ai tant demandé, désiré, dans mes longues années de silence, où j’étais comme un bloc aride et comme un homme de pierre, c’était la fluidité de la sève, sa vertu d’épanchement. Ma jeunesse, venue tard, veut répandre mon âme ajournée. Hier je donnai l’Oiseau, élan du cœur vers la lumière. Aujourd’hui, la même force me mène, au contraire, sous la terre à m’embarquer avec vous dans la grande mer vivante des métamorphoses. Monde de mystères et de ténèbres. C’est pourtant celui où se trouvent les lueurs les plus pénétrantes sur les deux chers trésors de l’âme l’Immortalité et l’Amour.
Fontainebleau, 8 septembre 1857.