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dans les délicates et longues études de la vie. Je ne m’étonne pas si mademoiselle Jurine a si heureusement contribué aux urprenantes découvertes de son père sur les abeilles, ni si madame Mérian, pour fruit de ses lointains voyages, nous a laissé le savant et si beau livre de peintures des insectes de la Guyane. Les yeux et les mains des femmes, fines et faites aux petits objets, au travail à petits points, sont éminemment propres à ces choses. Elles ont plus de respect aussi, d’attention, de condescendance, pour les minimes existences. Si poétiques, elles sont moins poètes, et imposent moins au réel la tyrannie de leur pensée. Elles lui sont plus dociles, ne le dominent pas, le subissent, et n’ont pas pour ces petits le regard rapide, souvent dédaigneux, de la vie supérieure. Aussi, quand, avec tout cela, elles sont patientes, elles pourraient devenir d’excellents observateurs et de petits Réaumurs. Les études microscopiques spécialement veulent des qualités féminines. Il faut se faire un peu femme pour y réussir. Le microscope, amusant au premier coup d’œil, demande, si on veut en faire un usage sérieux, de la dextérité, une adresse patiente, surtout du temps, beaucoup de temps, une complète liberté d’heures, pouvoir répéter indéfiniment les mêmes observations, voir le même objet à différents jours, dans la pure lumière du matin, au chaud rayon du midi, et parfois même plus tard. Tels objets qu’il faut voir d’ensemble se regardent mieux à la simple loupe tels seulement par transparence, en les éclairant en dessous du miroir du microscope. Il en est qui, médiocres ou insignifiants le jour, deviennent merveilleux