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les instruments de cent métiers ; qu’il est, lui, l’Insecte, le grand destructeur et fabricateur, l’industriel par excellence, l’actif ouvrier de la vie. Il dit enfin (la prétention semblera peut-être orgueilleuse) qu’à juger par les signes visibles, les œuvres et les résultats, c’est lui, entre tous les êtres, qui aime le plus. L’amour lui donne des ailes, de merveilleux iris de couleurs et jusqu’à des flammes visibles. L’amour, c’est pour lui la mort instantanée ou prochaine, avec une seconde vue étonnante de maternité pour continuer sur l’orphelin une protection ingénieuse. Enfin, ce génie maternel va si loin que, dépassant, éclipsant les rares associations d’oiseaux et de quadrupèdes, il a fait créer à l’insecte des républiques et des cités ! Voilà un plaidoyer grave qui me fait impression. Si tu travailles et si tu aimes, insecte, quel que soit ton aspect, je ne puis m’éloigner de toi. Nous sommes bien quelque peu parents. Et que suis-je donc moi-même, si ce n’est un travailleur ? Qu’ai-je eu de meilleur en ce monde ? Cette communauté d’action et de destinée, elle m’ouvrira le cœur, et me donnera un sens nouveau pour écouter ton silence. L’Amour, la force divine qui circule en toutes choses et fait leur âme commune, est pour elles un interprète par lequel elles dialoguent et s’entendent sans se parler.