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Seule, mon ami. Car, tu l’as vu, l’Église ne la protège guère. La loi, pas davantage. Et la famille, hélas ! n’a pas pris grand soin pour l’affermir en ce pénible jour. Elle ne la soutient pas, mais te l’amène, te la donne… au hasard de ton jugement.

Mais, moi, je me fie à toi pour elle. Et je suis sûr que, tout manquant, tu seras tout, la patrie, le prêtre et la mère, qu’elle trouvera en toi la garantie de ce triple pontificat.


C’est toute sa pensée, sa foi et son espoir, pendant qu’elle avance chancelante et si belle de sa pâleur dans sa fraîche toilette. Elle sait bien qu’elle n’est plus chez elle, et pas encore chez toi. Elle flotte entre deux mondes.

Où va-t-elle et que veut-on d’elle ? Elle ne le sait pas trop bien. Elle ne sait pas grand’chose, sinon qu’elle se donne d’une grande dévotion de cœur.

Elle a ce bonheur de penser qu’elle est désormais dans ta main. Y sera-t-elle bien ou mal ? et comment la traiteras-tu ? Cela te regarde, non elle.

Pour arme et sûreté, elle a de ne réserver rien, d’arriver seule à toi sans protection, de t’aimer, de s’abandonner…


« Que la terre et le ciel prient et pleurent pour moi. »

Mot de Christophe Colomb à l’entrée du monde inconnu.