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pleuvent, mais encore plus sur la victime. Affaire de galanterie, dit-on. On n’y voit qu’un amusement. Pas un étudiant, un clerc, qui ne fasse sa chanson sur Girard et son écolière, qui ne réchauffe les vieilles plaisanteries provençales sur Madeleine (de l’affaire Gauffridi), ses six mille diablotins, a peur qu’ils ont du fouet, les miracles de la discipline qui fit fuir ceux de la Cadière. (Ms. de la Bibl. de Toulon.)

Sur ce point spécial, les amis de Girard le blanchissaient fort aisément. Il avait agi dans son droit de directeur et selon l’usage ordinaire. La verge est l’attribut de la paternité. Il avait agi pour sa pénitente, « pour le remède de son âme ». On battait les démoniaques, on battait les aliénés, d’autres malades encore. C’était le grand moyen de chasser l’ennemi quel qu’il fût, démon ou maladie. Point de vue fort populaire. Un brave ouvrier de Toulon, témoin du triste état de la Cadière, avait dit que le seul remède, pour la pauvre malade, était le nerf de bœuf.

Girard, si bien soutenu, n’avait que faire d’avoir raison. Il n’en prend pas la peine. Sa défense est charmante de légèreté. Il ne daigne pas même s’accorder avec ses dépositions. Il dément ses propres témoins. Il semble plaisanter et dit du ton hardi d’un grand seigneur de la Régence, que, s’il s’est enfermé avec elle, comme on l’en accuse, « ce n’est arrivé que neuf fois ».

« Et pourquoi l’a-t-il fait, le bon Père, disaient ses amis, sinon pour observer, juger, approfondir ce qu’il en fallait croire ? C’est le devoir d’un directeur en pareil cas. Lisez la vie de la grande sainte