Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/620

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à volonté, de celle des religieuses, non moins dépendantes, il lui restait un fonds dur de domination jalouse. Il résolut de ressaisir la Cadière en punissant cette première petite révolte, si l’on peut nommer ainsi le timide essor de l’âme comprimée qui se relève.

Le 22 mai, lorsque, selon son usage, elle se confessa à lui, il refusa de l’absoudre, disant qu’elle était si coupable, qu’il devait lui infliger le lendemain une grande, très grande pénitence.

Quelle serait-elle ? Le jeûne ? Mais elle était déjà affaiblie et exténuée. Les longues prières, autre pénitence, n’étaient pas dans les habitudes du directeur quiétiste ; il les défendait. Restait le châtiment corporel, la discipline. C’était la punition d’usage universel, prodiguée dans les couvents autant que dans les collèges. Moyen simple et abrégé de rapide exécution qui, aux temps simples et rudes, s’appliquait dans l’église même. On voit, dans les fabliaux, naïves peintures des mœurs, que le prêtre, ayant confessé le mari et la femme, sans façon, sur la place même, derrière le confessionnal, leur donnait la discipline. Les écoliers, les moines, les religieuses, n’étaient pas punis autrement[1].

  1. Le grand dauphin était fouetté cruellement. Le jeune Boufflers (de quinze ans) mourut de douleur de l’avoir été (Saint-Simon). La prieure de l’Abhaye-aux-Bois, menacée par son supérieur « de châtiment afflictif », réclama auprès du roi ; elle fut, pour l’honneur du couvent, dispensée de la honte publique, mais remise au supérieur, et sans doute la punition fut reçue à petit bruit. — De plus en plus on sentait ce qu’elle avait de dangereux, d’immoral. L’effroi, la honte, amenaient de tristes supplications et d’indignes traités. On ne l’avait que trop vu dans le grand procès qui, sous l’empereur Joseph, dévoila l’intérieur des collèges des Jésuites, qui plus tard fut réimprimé sous Joseph II et de nos jours.