Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/552

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

longs offices, sans assaisonnement que de quelque sermon nasillard ?


Les laïques même, au milieu de tant de distractions, veulent, exigent de leurs confesseurs l’absolution de l’inconstance.

Le prêtre est entraîné, forcé de proche en proche. Une littérature immense, variée, érudite, se fait de la casuistique, de l’art de tout permettre. Littérature très progressive, où l’indulgence de la veille paraîtrait sévérité le lendemain.

La casuistique fut pour le monde, la mystique pour les couvents.

L’anéantissement de la personne et la mort de la volonté, c’est le grand principe mystique. Desmarets nous en donne très bien la vraie portée morale. Les dévoués, dit-il, immolés en eux et anéantis, n’existent plus qu’en Dieu. Dès lors ils ne peuvent mal faire. La partie supérieure est tellement divine, qu’elle ne sait plus ce que fait l’autre[1].


On devait croire que le zélé Joseph, qui avait poussé si haut le cri d’alarme contre ces corrupteurs,

  1. Doctrine très ancienne qui reparaît souvent dans le Moyen-âge. Au dix-septième siècle, elle est commune dans les couvents de France et d’Espagne, nulle part plus claire et plus naïve que dans les leçons d’un ange normand à une religieuse (affaire de Louviers). — L’ange enseigne à la nonne premièrement « le mépris du corps et l’indifférence à la chair. Jésus l’a tellement méprisée, qu’il l’a exposée nue à la flagellation, et laissé voir à tous… » — Il lui enseigne « l’abandon de l’âme et de la volonté, la sainte, la docile, la toute passive obéissance. Exemple : la Sainte Vierge, qui ne se défia pas de