Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/520

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maces de frisson, d’horripilation. Comédie à la Pourceaugnac[1] où la sorcière se substituait ordinairement une agréable figure, la reine du Sabbat, jeune et jolie mariée.

Une facétie non moins choquante était celle de la noire hostie, la rave noire, dont on faisait mille sales plaisanteries dès l’Antiquité, dès la Grèce, où on l’infligeait à l’homme-femme, au jeune efféminé qui courait les femmes d’autrui. Satan la découpait en rondelettes qu’il avalait gravement.

La finale était, selon Lancre (sans doute selon les deux effrontées qui lui font croire tout), une chose bien étonnante dans des assemblées si nombreuses. On y eût généralisé publiquement, affiché l’inceste, la vieille condition satanique pour produire la sorcière, à savoir, que la mère conçût de son fils. Chose fort inutile alors où la sorcellerie est héréditaire dans des familles régulières et complètes. Peut-être on en faisait la comédie, celle d’une grotesque Sémiramis, d’un Ninus imbécile.

Ce qui peut-être était plus sérieux, une comédie probablement réelle, et qui indique fortement la présence d’une haute société libertine, c’était une mystification odieuse, barbare.

On tâchait d’attirer quelque imprudent mari que l’on grisait du funeste breuvage (datura, belladone), de sorte qu’enchanté, il perdit le mouvement, la voix,

  1. L’instrument décrit autorise ce mot. Dans Boguet, p. 69, il est froid, dur, très mince, long d’un peu plus d’un doigt (visiblement une canule). Dans Lancre, 224, 225, 226, il est mieux entendu, risque moins de blesser ; il est long d’une aulne et sinueux ; une partie est métallique, une autre souple, etc. C’est déjà le clysoir.