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adultère, le grand sujet de ces romans, la femme est partout la pauvre Grisélidis, née pour épuiser la douleur, souvent battue, soignée jamais.

Il ne faut pas moins que le Diable, ancien allié de la femme, son confident du Paradis, il ne faut pas moins que cette sorcière, ce monstre qui fait tout à rebours, à l’envers du monde sacré, pour s’occuper de la femme, pour fouler aux pieds les usages, et la soigner malgré elle. La pauvre créature s’estimait si peu !… Elle reculait, rougissait, ne voulait rien dire. La sorcière, adroite et maligne, devina et pénétra. Elle sut enfin la faire parler, tira d’elle son petit secret, vainquit ses refus, ses hésitations de pudeur et d’humilité. Plutôt que de subir telle chose, elle aimait mieux presque mourir. La barbare sorcière la fit vivre.