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dans ce qui est le plus moral, la bonté, la charité. Par une perversion d’idée monstrueuse, le Moyen-âge envisageait la chair, en son représentant (maudit depuis Ève), la Femme, comme impure. La Vierge, exaltée comme vierge, plus que comme Notre-Dame, loin de relever la femme réelle, l’avait abaissée en mettant l’homme sur la voie d’une scolastique de pureté où l’on allait enchérissant dans le subtil et le faux.

La femme même avait fini par partager l’odieux préjugé et se croire immonde. Elle se cachait pour accoucher. Elle rougissait d’aimer et de donner le bonheur. Elle, généralement si sobre, en comparaison de l’homme, elle qui n’est presque partout qu’herbivore et frugivore, qui donne si peu à la nature, qui, par un régime lacté, végétal, a la pureté de ces innocentes tribus, elle demandait presque pardon d’être, de vivre, d’accomplir les conditions de la vie. Humble martyre de la pudeur, elle s’imposait des supplices, jusqu’à vouloir dissimuler, annuler, supprimer presque ce ventre adoré, trois fois saint, d’où le dieu homme naît, renaît éternellement.


La médecine du Moyen-âge s’occupe uniquement de l’être supérieur et pur (c’est l’homme), qui seul peut devenir prêtre, et seul à l’autel fait Dieu.

Elle s’occupe des bestiaux ; c’est par eux que l’on commence. Pense-t-on aux enfants ? Rarement. Mais à la femme ? Jamais.

Les romans d’alors, avec leurs subtilités, représentent le contraire du monde. Hors des cours, du noble