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mais il ne viendra pas. — Tu tireras du coffre le dernier habit qu’il porta, le baiseras. — Et tu diras alors : « Tant pis pour toi, si tu ne viens ! » Et sans retard, buvant ce vin amer, mais de profond sommeil, tu coucheras la mariée. Alors, sans nul doute, il viendra. »

La petite ne serait pas femme si, le matin, heureuse et attendrie, bien bas, à sa meilleure amie, elle n’avouait le miracle. « N’en dis rien, je t’en prie… Mais il m’a dit lui-même que, si j’ai cette robe, et si je dors sans m’éveiller, tous les dimanches, il reviendra. »

Bonheur qui n’est pas sans péril. Que serait-ce de l’imprudente si l’Église savait qu’elle n’est plus veuve ? que, ressuscité par l’amour, l’Esprit revient la consoler ?

Chose rare, le secret est gardé ! Toutes s’entendent, cachent un mystère si doux. Qui n’y a intérêt ? Qui n’a perdu ? qui n’a pleuré ? Qui ne voit avec bonheur se créer ce pont entre les deux mondes ?

« Ô bienfaisante sorcière !… Esprit d’en bas, soyez béni ! »