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II ON NE TUE PAS UNE NATION Nous l’avons dit ailleurs. L’Europe n’est point un assemblage fortuit, une simple juxtaposition de peuples, c’est un grand instrument harmonique, une lyre, dont chaque nationalité est une corde et repré- sente un ton. Il n’y a rien là d’arbitraire ; chacune est nécessaire en elle-même, nécessaire par rapport aux autres. En ôter une seule, c’est altérer tout’ l’ensemble, rendre impossible, dissonante ou muette, cette gamme des nations. Il n’y a que des fous furieux, des enfants destruc- teurs, qui. puissent oser mettre la main sur l’instru- ment sacré, œuvre du temps, de Dieu, de la nécessité des choses, attenter à ces cordes vives, concevoir la pensée impie d’en détruire une, de briser à jamais la sublime harmonie calculée par la Providence. Ces.tentatives abominables furent toujours impuis- santes. Les nations dont on croyait supprimer l’exis- tance, ont refleuri, toujours vivantes, indestructibles.