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pierre et qui n’avaient jamais figuré que de nom à la Commune.

Respirons, détournons les yeux. « À chaque jour suffit sa peine. » Nous n’avons pas ici à raconter ce qui suivit, l’aveugle réaction qui emporta l’Assemblée et dont elle ne se releva qu’à peine en Vendémiaire. L’horreur et le ridicule y luttent à force égale. La sottise des Lecointre, l’inepte fureur des Fréron, la perfidie mercenaire des Tallien, encourageant les plus lâches, une exécrable comédie commença, d’assassinats lucratifs au nom de l’humanité, la vengeance des hommes sensibles massacrant les patriotes et continuant leur œuvre, l’achat des biens nationaux. La bande noire pleurait à chaudes larmes les parents qu’elle n’eut jamais, égorgeait ses concurrents et surprenait des décrets pour acheter à huis clos.

Paris redevint très gai. Il y eut famine, il est vrai, mais le Perron rayonnait, le Palais-Royal était plein, les spectacles combles. Puis ouvrirent ces bals des victimes, où la luxure impudente roulait dans l’orgie son faux deuil.

Par cette voie nous allâmes au grand tombeau où la France a enclos cinq millions d’hommes.

Peu de jours après Thermidor, un homme qui vit encore et qui avait alors dix ans fut mené par ses parents au théâtre, et à la sortie admira la longue file de voitures brillantes qui, pour la première fois, frappaient ses yeux. Des gens en veste, chapeau bas, disaient aux spectateurs sortants : « Faut-il une