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Quelle serait l’attitude des sections ? Problème infiniment complexe. Là, l’intrigue pouvait moins. Un Fouché avait bien pu, en groupant les haines, faire un schisme dans les Jacobins, les neutraliser. Un Tallien, un Bourdon (de l’Oise), avaient pu, dans l’Assemblée, tenter la droite et la séduire, créer une majorité contre Robespierre. Mais, sur le vaste théâtre des sections, il était bien plus difficile d’agir. Le plus probable était qu’elles ne bougeraient ni dans un sens ni dans l’autre. C’est ce qui arriva réellement pour la grande majorité.

Si les choses se passaient ainsi, les robespierristes avaient cause gagnée. Quoiqu’en minorité minime, ils faisaient un groupe fortement lié d’idées, d’intérêts ; ils avaient un drapeau vivant. Ils ne pouvaient manquer au jour de se reconnaître et de se serrer, d’agir ensemble et de vaincre. C’est ce que sans doute pensait Robespierre, et qui se fût vérifié, si un élément imprévu n’eût compliqué la question. La Convention agît tard. À dix heures, au moment où Collot lui disait : « Sachons mourir», sans rien proposer, un député inconnu, Beaupré, prit l’initiative, demanda et fît voter la création d’une commission de défense, laquelle n’agit pas elle-même, mais remua les Comités. Ceux-ci proposèrent de nommer un général, Barras, collègue de Fréron à Toulon, puis de mettre hors la loi ceux qui se seraient soustraits à l’arrestation. Voulland, seul et en son nom, exigea, obtint que Robespierre nominativement, fût mis hors la loi.