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Peut-être les Jacobins ne pouvaient faire mieux. Peu d’entre eux seraient venus. Un schisme se fût déclaré ; les partisans de Fouché et autres représentants fussent restés rue Saint-Honoré, seuls maîtres du lieu sacré, d’où ils eussent excommunié la fraction qui eût passé à l’Hôtel de "Ville. On a vu ces divisions : en votant pour Robespierre, la société, presque toujours, prenait pour président un de ses ennemis, un Fouché, un Élie Lacoste, un Barère. Cette nuit, leur président, Vivier, était un robespierriste. Un autre, Sijas, adjoint de la Guerre, les prêchait, les animait. Et pourtant rien ne remuait. Une paralysie latente immobilisait la société.

Le représentant Brival s’était chargé d’expliquer aux Jacobins l’arrestation de Robespierre. On lui demanda s’il l’avait votée : « Sans doute, dit-il ; bien plus, je l’avais aussi provoquée, et, comme secrétaire, j’ai expédié, signé les décrets. » Vifs murmures, huées ; on le raye, on lui enlève sa carte. Qui croirait qu’un moment après, Brival, rentré dans l’Assemblée, se voit rapporter sa carte par des commissaires jacobins ? La société a révoqué sa radiation, rétabli comme jacobin un homme qui vient de se vanter d’avoir demandé, signé l’arrestation de Robespierre !

L’homme éminent des Jacobins, Couthon, ne paraissait pas à l’Hôtel de Ville. Infirme, se jugeant peu utile sur une telle scène d’action, il était resté chez lui, près de sa femme et de son enfant. On pensa que sa présence entraînerait la société à l’Hôtel de