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histoire, il n’était point ambitieux, ne fit point sa cour au pouvoir, avança très lentement, et périt, simple colonel, à la bataille de la Moskowa.

Merda dit au Comité que c’était lui qui, de sa main, tout à l’heure, avait arrêté, lié Henriot, que, si l’on voulait, il allait ramasser quelques hommes, marcher sur la Commune. Et, plein de zèle, il courut au Comité de sûreté pour trouver ses camarades. Là, il fut en grand danger. Coffinhal, avec une masse de canonniers des faubourgs, avait forcé le Comité et délivré Henriot. Ce n’étaient que cris, embrassades du délivré et des libérateurs. Henriot reconnut Merda, qui se sauva à grand’peine au Comité de salut public : « Henriot est délivré… — Quoi, tu ne lui as pas brûlé la cervelle ? dit Barère ; on devrait te fusiller ! » Merda se le tint pour dit.

L’anxiété était extrême dans la Convention. Elle n’avait aucune défense qui empêchât Coffinhal, Henriot, malgré leur petit nombre, de pénétrer dans la salle ! Collot d’Herbois prit bravement le fauteuil et dit d’une voix sépulcrale : « Citoyens, voici le moment de mourir à votre poste… Le Comité de sûreté est envahi. »

« Courons-y », disent les tribunes. Sous ce prétexte, tous les assistants s’enfuirent si précipitamment que la salle se remplit d’un gros nuage de poussière.

La Convention resta seule, calme et digne, s’arrangeant pour mourir avec gravité. L’obstacle c’était