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Les accusateurs étaient trop émus, trop furieux pour être habiles. Billaud vomit pêle-mêle, parmi beaucoup de choses évidemment vraies, d’autres trop invraisemblables. Il dit que Robespierre, qui se disait opprimé, n’avait quitté le Comité qu’à cause de la résistance qu’y trouvait sa loi de prairial, qu’il avait organisé un infâme espionnage des représentants du peuple, que la veille aux Jacobins son Dumas avait fait chasser ceux qu’on voulait immoler. Tout cela était constant. Mais on haussa les épaules quand il dit que Robespierre favorisait les voleurs, persécutait les comités révolutionnaires, qu’il forçait le gouvernement de placer des nobles, etc. On ne vit dans Tallien qu’un comédien impudent lorsque, tirant un poignard, dans une pose mélodramatique, contre le nouveau Cromwell, le nouveau Catilina : il dit (lui Tallien) que le tyran voulait régner avec des hommes crapuleux et perdus de débauche.

Plus absurde fut Billaud quand il dit maladroitement qu’Henriot était complice d’Hébert, et que c’était lui Billaud qui avait accusé Danton, que Robespierre, au contraire, l’avait défendu… Il oubliait qu’alors même les Montagnards étaient presque tous hébertistes et dantonistes. Il blanchissait justement l’accusé qu’il voulait noircir.

Ce mot fut une avalanche de glace qui tomba sur la Montagne. Beaucoup, qui auraient parlé, s’abstinrent dès lors et parurent neutres. Merlin (de Thionville), Dubois-Crancé, Lecointre et bien