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La faiblesse de Robespierre avait été partagée par le Comité de salut public. Sa haute autorité en restait compromise. La question allait se poser de nouveau : Renouvellerait-on le Comité ? ou se contenterait-on de le ramener à une dépendance légitime et raisonnable de la Convention ?

La France avait une halte, ses trois victoires ajournaient le danger, et peut-être pour toujours. C’est ce qui eut lieu en effet, la Prusse étant restée occupée en Pologne et l’Autriche trouvant dans les Belges une telle mauvaise volonté que définitivement elle ne put rien en 1794 contre nos frontières du Nord.

Le 18 nivôse (7 janvier), dans un discours très habile, fort modéré d’expressions et probablement calculé par Fabre d’Églantine, Bourdon (de l’Oise), après force éloges du Comité de salut public, tomba sur le ministère, demanda qu’il cessât d’être monarchique, qu’il devînt républicain, c’est-à-dire qu’il ne puisât nuls fonds à la trésorerie sans demande d’un Comité à la Convention et sans décret de l’Assemblée.

Tout ceci à l’occasion des subventions monstrueuses données par Bouchotte à Hébert.

Danton, avec infiniment de prudence et de ménagements, dit et redit par trois fois qu’il fallait renvoyer la chose au Comité de salut public.

Elle n’en fut pas moins décrétée, avec ce mot : en principe, — et cette réserve : de sorte que l’activité des forces nationales n’éprouve nul ralentissement, c’est-à-dire en donnant au Comité tous les moyens d’éluder ce qu’on venait de décréter.