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Les maratistes Charlier, Bentabole, ne laissèrent pas la chose là : ils reprirent, enfoncèrent le coup. Bentabole : « L’envoi du discours est dangereux… La Convention aurait l’air d’approuver… Elle serait responsable des mouvements d’un peuple égaré. »

Couthon : « Il faut que tout le peuple juge… Voilà pourquoi je demande l’envoi aux communes. »

Charlier : « Renvoyons aux Comités… »

Robespierre : « Quoi ! à ceux que j’ai accusés ?… »

Charlier : « Quand on se vante du courage de la vertu, il faut avoir celui de la vérité. Nommez qui vous accusez… »

Amar : « Qu’il nomme !… L’intérêt public ne comporte aucun ménagement. »

Robespierre : « Je persiste… Je ne prends aucune part à ce qu’on peut décider pour empêcher l’envoi de mon discours. »

Le dantoniste Thirion : « Envoyer, c’est préjuger… Pourquoi un seul aurait-il plutôt raison que plusieurs ? … Les présomptions sont pour les Comités. »

Bréard, membre du comité de législation : « C’est un grand procès à juger… Révoquons l’impression. »

On révoqua.

Barère, qui en votant l’envoi du discours, avait trahi les Comités au profit de Robespierre, passa lestement de l’autre côté : « J’avais voté l’impression parce que, dans un pays libre, je crois qu’on doit tout publier… Nous ne nous défendrons pas contre Robespierre ; à cette déclamation nous répondrons par des victoires… S’il eût suivi nos opérations