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fait circuler des listes de représentants proscrits. Nous, proscrire les patriotes !… N’est-ce pas nous qui avons défendu la Convention ? Est-ce nous qui avons érigé en crimes ou des préjugés incurables ou des choses indifférentes ? (Ceci rassurait les prêtres, les catholiques, la droite, mais point du tout la Montagne.) Les purs auraient tort de craindre. (Oui, mais quels étaient les purs ?…) Il n’y a plus que deux partis, celui des bons, celui des méchants. » Oui, mais quels étaient les bons ?

De telles paroles, si vagues, étaient propres à augmenter la terreur. « On veut effrayer l’Assemblée », disait-il. Qui effrayait plus que lui, qui, constamment aux Jacobins, ayant à sa droite, à sa gauche, le président et les membres du terrible tribunal, pleurait chaque fois sur l’indulgence et la faiblesse du temps ? Quand on cherchait ces indulgents, il comptait parmi eux Fouché, le nom, après Carrier, le plus sanglant de la France !

Voilà les trois points capitaux de l’apologie. Passons à l’accusation.

Elle semblait vague d’abord. « On se cache, donc on conspire. » On a peur, donc on conspire ; il imputait comme crime la terreur qu’il inspirait.

Et si on le priait du moins de limiter cette terreur, de préciser les coupables : « Ah ! je n’ose pas les nommer ! »

Il ne nommait point les représentants, les membres des comités. Le glaive continuait de planer sur tous.

Un seul était désigné, Carnot, non pas nominati-