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Était-ce un testament de lui-même qu’il voulait laisser ? Il y fallait plus de grandeur, ne pas descendre à chaque instant des régions de l’immortalité à d’aigres et violentes paroles sur ses ennemis morts et vivants.

Était-ce un discours pour la crise ? Il ne fallait pas l’énerver par tant d’idées générales, de vagues sentimentalités.

La solitude de Montmorency a fait tort à ce discours, et l’imitation laborieuse du grand solitaire de Montmorency.

Le premier tort peut-être, c’était de parler un jour trop tard, d’attendre au 8, au jour où Barère, rayonnant dans la victoire, vint proclamer à la tribune le solennel événement de l’occupation d’Anvers. Anvers vaut la Belgique entière, et plus, dans une guerre si essentiellement anglaise. Prendre ce moment pour entamer l’accusation de Carnot, pour dire, comme fait Robespierre : « L’Angleterre, tant maltraitée par nos discours, est ménagée par nos armes », c’était paraître envieux et choquer le sentiment général. Le ménagement était-il de n’avoir pas égorgé les cinq mille Anglais de Nieuport ? C’était placer la polémique sur un très mauvais terrain ; l’Assemblée était ravie qu’on eût violé son décret, purement comminatoire.

Ce discours est un volume. Nous insisterons seulement sur quelques points principaux.

Il commence comme apologie et continue comme accusation.