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Comité de sûreté le bureau cl’Herman, c’est-à-dire la police robespierriste. Coup d’audace, inexplicable jusqu’ici ; mais ce qu’on vient de dire de l’attitude de Paris aide à le comprendre ; Robespierre y consentit-il ? Cela n’est pas impossible.

3° Ces deux mesures les auraient perdus, comme indulgents, s’ils n’y avaient joint deux mesures terribles. Le 2 thermidor, les deux comités réunis, ayant sous les yeux les noms de tous les détenus, prirent cent trente-huit noms, les plus aristocratiques. Ce sont les exécutés des 4, 5, 6 thermidor. Amar, Louis, Dubarran, Voulland, Ruhl, signèrent pour le Comité de sûreté ; Collot et Billaud pour le Comité de salut public, et Couthon encore. Ils envoyèrent cette liste à Robespierre et le rirent signer[1].

Avec cela ils étaient couverts. S’il les accusait d’indulgence, ils tiraient leur liste, disaient : « Votre police a glané, a pris quelques têtes nobles… Nous, d’une fauchée ou deux, nous avons fait voler

  1. Les listes de messidor et thermidor ont été généralement détruites, sans doute par les comités, et probablement parce qu’elles ne portaient pas la signature de Robespierre. Herman, son homme, qui faisait signer ses listes au Comité de salut public, se gardait bien de faire signer son maître. — On n’a conservé que trois listes : 1° celle des cent cinquante-quatre (20-22 messidor), principal monument des conspirations des prisons fabriquées par Herman ; 2° la liste des cent trente-huit (2 thermidor), où les deux comités tirent signer Robespierre avec eux ; enfin une liste (du 3 thermidor) contenant trois cent dix-huit noms, signée d’Amar, Vadier, E. Lacoste, Voulland, Ruhl et Barère, Collot, Billaud, Prieur. Ces deux listes, chargées de noms aristocratiques, furent gardées par les comités, sans doute pour prouver au besoin qu’on les accusait à tort de faiblesse et d’indulgence. — Tel est le résultat de la recherche que M. Lejean a bien voulu faire pour moi aux Archives.