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mations, l’horreur, le dégoût qui gagnaient Paris, étaient bien capables d’enhardir les autorités qui voudraient enfin enrayer.

L’angoisse était telle aux prisons, la pâleur des prisonniers, la défaillance des femmes, que les faiseurs de listes mêmes ne tinrent pas à ce spectacle. Dans des lettres éperdues à Carnol, à Lindet, à Amar, ils déclarèrent qu’il leur était impossible de soutenir davantage leur horrible rôle, qu’ils défaillaient, qu’on eût pitié d’eux.

D’autre part, la commission du Louvre, jalouse du bureau d’Herman, déclara qu’un de ces moutons en qui il avait confiance était un aristocrate qui, le 10 août, tirait sur le peuple.

Le Comité de sûreté, fort de cette révélation, reprit quelque hardiesse. Amar, si faible jusque-là, se hasarda jusqu’à dire : « Qu’il était indigné des confidences dont les administrateurs de police se faisaient l’intermédiaire au Luxembourg. » Confidences de qui à qui ? Il n’osait le dire encore. Mais tout le monde comprenait : « Confidences du mouton Boyenval, transmises par l’administrateur Wiltcheritz au bureau d’Herman et Lanne. »

On répétait une parole, échappée à Collot d’Herbois, mot terrible, de l’histrion aux vertueux ! de l’homme des mitraillades au parti des philanthropes : ce Que nous restera —t-il donc, lorsque vous aurez démoralisé le supplice ? »