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Il voulait faire le tour de force de lui faire rayer, chasser son dernier président Fouché ; il exigeait qu’elle se donnât cette humiliation et ce démenti. Il prit le 14 juillet, lorsque la société, pleine du grand anniversaire, était prête aux idées morales. Ce fut après une attaque (qui parut accidentelle, mais qui préparait) sur l’immoralité de Rousselin que Robespierre, au nom de la conscience, attaqua l’immoralité de Fouché, demanda qu’on le rayât. Pour faire faire à la société ce sacrifice d’amour-propre, il s’adressa justement à son amour-propre, reprochant à Fouché de ne pas venir se justifier devant la respectable société. La haine l’inspirant contre cet homme, en effet si haïssable, il fut vraiment éloquent : « Craint-il les oreilles du peuple ? craint-il ses yeux ?… Craint-il que sa triste figure ne présente visiblement le crime ? que six mille regards fixés sur lui ne découvrent dans ses yeux son âme tout entière, et qu’en dépit de la nature, on n’y lise ses pensées ? »

La chose ainsi fut emportée, Fouché rayé. C’était la seconde fois (la première fut Clootz) qu’il leur rayait leur président. Ils obéirent, mais le soir même à la fin de la séance, ils témoignèrent leur chagrin en portant à la présidence un membre du Comité de sûreté, Élie Lacoste, rapporteur de l’affaire des Saint-Amaranthe, si nuisible à Robespierre.

Cela le 14 juillet. Le 19, la Convention, enhardie par ce choix anti-robespierriste des jacobins, fit