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par une exagération vraiment sauvage et satirique, on mit aux extrémités, comme pièces d’attente, des poutrelles qui permettaient des deux côtés un agrandissement facultatif. Les places auraient bientôt manqué pour le tribunal. Herman, selon toute apparence, fut averti de cette maligne ostentation. On fit venir Fouquier-Tinville au Comité de salut public, et verbalement on (quel est cet on ?) lui intima de diviser les cent cinquante-quatre en trois fournées.

Il y avait dans la liste d’abord une masse imposante, tout le Parlement de Toulouse, cinq ou six des grands noms de la monarchie, une douzaine de nobles ou de prêtres ; le reste était des gens obscurs. Mais ni les uns ni les autres n’étaient des hommes d’action. Qu’ils eussent désiré se sauver, cela se peut, mais conspirer, nullement. L’anachronisme était choquant. En 1792, à la bonne heure, ou même en 1793 ; mais, en 1794, l’abattement, la prostration était absolue, les courages à néant… Les royalistes étaient brisés, et récemment encore, de la bataille de Fleurus. À Lazare, huit cents prisonniers, le croira-t-on ? avaient en tout… un geôlier ! et il n’y eut de désordre que des plaintes sur la nourriture.

Le héros de l’audience fut naturellement Boyenval. Fortement lesté d’eau-de-vie, presque seul, il suffit à tout, témoigna sur tout et sur tous, convainquit les accusés ! Magnifique d’assurance, il remonta au Luxembourg comme il eût fait au