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il compta mal. Il lut, mais ne fit rire personne ; il y eut un grand silence, des murmures, et, de quelques-uns, des soupirs de deuil et d’indignation. Plusieurs, vraiment patriotes, trouvaient aussi, dans ces risées, la Révolution avilie par l’avilissement de Robespierre. Vadier obtint l’impression, mais non l’impression en nombre pour les sociétés affiliées.

Le lendemain eut lieu à grand bruit, avec un appareil incroyable, le supplice solennel des assassins de Robespierre.

Le drame de l’exécution monté avec un soin, un effet extraordinaire, offrit cinquante-quatre personnes, portant toutes le vêtement que la seule Charlotte Corday avait porté jusque-là, la sinistre chemise rouge des parricides et de ceux qui assassinaient les pères du peuple, les représentants. Le cortège mit trois heures pour aller de la Conciergerie à la place de la Révolution, et l’exécution employa une heure.

De sorte que, dans cette longue exhibition de quatre heures entières, le peuple put regarder, compter, connaître, examiner les assassins de Robespierre, savoir toute leur histoire. Les canons suivaient les charrettes, et tout un monde de troupes. Pompeux et redoutable appareil qu’on n’avait jamais vu depuis l’exécution de Louis XVI. « Quoi ! tout cela pour venger un homme ! Et que ferait-on de plus si Robespierre était roi ? »

Il y avait cinq ou six femmes jolies et trois toutes