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Cela parut mieux encore. Un Jacobin catholique pria Robespierre de tenir son enfant nouveau-né sur les fonts de baptême. Il accepta, fut parrain. Acte grave, parce qu’il était libre. Dans la famille, la mère, souveraine maîtresse d’un fruit sorti d’elle-même avec tant de douleur, force souvent le père philosophe de faire baptiser l’enfant.

Mais ici, qui le forçait ? Il fut parrain et, comme tel, fit la promesse qu’on fait : Que l’enfant sera catholique.

Toute la question était, pour un homme qui tenait si peu compte du philosophisme, de savoir quel mysticisme il allait favoriser, celui du passé ou celui du présent, celui du vieux parti catholique, celui des nouveaux adeptes de la religion jacobine ? Protégerait-il la foi de Jésus ou la foi de Robespierre ?

Le temps était au fanatisme. L’excès des émotions avait brisé, humilié, découragé la raison. Sans parler de la Vendée, où l’on ne voyait que miracles, un dieu (dès 1791) avait apparu en Artois. Les morts y ressuscitaient en 1794. Dans le Lyonnais, une prophétesse avait eu de grands succès ; cent mille âmes y prirent, dit-on, le bâton de voyage, s’en allant sans savoir où. En Allemagne, les sectes innombrables des illuminés s’étendaient non seulement dans le peuple, mais dans les plus hautes classes : le roi de Prusse en était. Mais nul homme de l’Europe n’excitait si vivement l’intérêt de ces mystiques que l’étonnant Maximilien. Sa vie,