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accessoires d’accusés, des royalistes de renom : Montmorency, Rohan, Sombreuil, le municipal Michonis soupçonné d’avoir essayé de faire échapper la reine, etc.

Il y en avait quarante-neuf. Tant de personnes en manteau rouge, cela paraissait suffire pour la pompe du spectacle Le Comité de sûreté n’en attendait pas davantage.

Mais, la veille au soir, Fouquier, attentif à flatter ses maîtres, dit en entrant au Comité : « J’en envoie près de soixante ! » On cria bravo. Et on le cria bien plus quand on lut l’ingénieuse composition de la queue de liste. Fouquier y plaçait quatre ennemis personnels de Robespierre, les municipaux Marino, Soulès, Froidure et Dangé, de sorte que l’immense hécatombe, ouverte par ses assassins, se fermait par ses ennemis.

C’étaient des noms populaires. Soulès, ami de Chalier, est nommé dans son testament. Marino fut le vengeur de Chalier à Lyon. On reprochait à Marino d’avoir commis la faute grave d’arrêter un député ; la Convention pouvait croire qu’on le punissait pour elle. Président de la commission temporaire de Lyon, ami de Fouché, Marino passait pour avoir faibli vers la fin. Robespierre ne perdait pas une occasion de dénoncer la mollesse de cette commission temporaire, de sorte que Marino semblait périr comme indulgent. Chose inquiétante pour tous. Qui était sûr d’être à la hauteur, si l’on notait de ce crime un homme