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de tabac de la rue Saint-Honoré ; c’était très probablement une sainte de la petite église. Nul autre délassement. Un intérieur fermé et sombre. On supposait, à tort peut-être, qu’il lui fallait une femme, et l’on attribuait ce rôle à Cornélia Duplay. D’autres disent que, se rendant justice, il n’eût associé personne à sa triste destinée, et qu’il voulait la marier à son frère. Ce qui est sûr, c’est qu’elle veillait inquiétèrent sur ses jours ; instruite par la mort de Marat, elle ne laissa pas arriver à Robespierre la jeune Cécile Renaud.

Robespierre, peu attaquable en lui-même, pouvait l’être en sa famille, qui fut son fléau. Sa sœur, l’aigre et triste Charlotte, avait trouvé un amant. Et quel ? Le mortel ennemi de Robespierre, Fouché, revenu à Paris et logé dans un grenier de la rue Saint-Honoré, tout en lui creusant sous les pieds des mines chez les Jacobins, avait eu l’idée hardie de se glisser dans sa famille, de surprendre ses secrets. Ce grand homme de police, malgré sa figure atroce qui faisait frémir l’amour, avait imaginé de faire l’amoureux de la sœur de Robespierre. Séparée de lui dès longtemps, rien du présent ne pouvait être su par elle. Elle ne pouvait trahir que son passé, ses précédents. Très éloignée de son frère, n’ayant le moindre accès chez lui, si elle avait affronté la porte de la maison, elle eût été arrêtée net par un terrible cerbère, l’intrépide Mme Duplay, et Cornélia Duplay se serait plutôt fait tuer sur le seuil.