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La responsabilité se trouvait ainsi divisée. Elle était triple, elle était nulle.

La commission disait : « Nous pouvons aller grand train ; le Comité reverra, et après, le tribunal. »

Le Comité disait : « Nous pouvons signer toujours ; la commission a examiné, et le tribunal jugera. »

Le tribunal à son tour : « Ceux que la commission et le Comité ensuite ont déjà jugés accusables sont très bons à condamner. »

Au total, la responsabilité majeure devant le public tombait sur le Comité de sûreté. Et c’est ce qu’il sentait de plus machiavélique dans la loi de prairial.


Les listes lui arrivaient du Louvre. À lui de les envoyer promptement au tribunal. Il se trouvait lancé par la loi robespierriste dans une voie d’accélération qui devait en peu de temps l’écraser sous la haine publique et le livrer aplati au couteau de Robespierre.

Lui cependant, que faisait-il ? Il s’était retiré chez lui, le lendemain de la dispute (23 prairial), disant : « Je ne suis plus rien », et se lavant les mains de tout ce qui s’allait faire.

La plus cruelle dénonciation eût été moins forte qu’une telle absence. Les comités trahissaient donc, puisque l’incorruptible n’y pouvait plus mettre les pieds ? Toute responsabilité tombait sur eux maintenant. Tout pouvoir lui restait à lui. Au fond, qui gouvernait ? Sa loi. Il n’allait plus au Comité de salut public, mais gardait la signature, signait chez