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pouvait l’égratigner ; il fallait d’un coup le détruire, sinon on était perdu. Comment le faire ? En le convainquant de vouloir la dictature ? Mais, dans ce pays monarchique, dans cette extrême lassitude, dans le grand progrès de la paresse, du doute, beaucoup la désiraient.

La position de Robespierre, d’autre part, qui restait si forte matériellement, n’en était pas moins devenue moralement assez mauvaise. Chose dangereuse en France, il avait paru ridicule. Il pleurait, se désolait de ce que cette méchante, cette cruelle Convention s’obstinait dans le caprice de ne pas vouloir se guillotiner elle-même. Elle ne sentait nullement ce que c’était que la grandeur, oubliant l’enseignement qu’il lui donnait en février : « Quoi de plus beau qu’une Assemblée qui va se purgeant, s’épurant ?… Qui a donné ce spectacle ? Vous, représentants, vous seuls ! »

Si cela n’eût été terrible, c’était chose du plus haut comique. Fabre d’Eglantine, s’il l’a su là-bas, dut être bien fâché d’être mort.

Notez que le philanthrope ne voulait point appliquer lui-même à l’Assemblée ce fer salutaire ; il voulait, exigeait qu’elle se l’enfonçât de sa propre main.

Lui, ainsi, fût resté pur, devant le monde et devant lui en sa propre conscience, pouvant se dire : « Telle est la loi !… Si je décime l’Assemblée, c’est qu’elle-même l’a voté ainsi. »

Ainsi, par un profond pharisaïsme intérieur, de lui