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pas moins, il courait, volait… avec la brûlante vitesse d’une étoile qui file au ciel, ou d’un boulet de canon ; la fatalité l’emportait.

Entre tant de mesures que prit si rapidement le parti robespierriste, les seules peut-être dont son chef eût la vraie initiative et qui portent l’empreinte de son caractère, ce fut sa création d’une police spéciale, et sa tentative religieuse.

La première, exécutée dans un moment si violent par un homme si puissant, ne s’en fit pas moins avec infiniment d’adresse et de ruse. Dans le démembrement du ministère de l’intérieur, on créa une administration des prisons, et comme simple appendice un petit bureau de police, uniquement occupé des rapports du gouvernement avec la police des communes. Le chef de bureau fut Lanne, du pays de Robespierre, et le directeur Herman, d’Arras ; la haute surveillance fut donnée à Saint-Just, toujours absent, qu’il fallut bien faire suppléer par Couthon et Robespierre. Ce petit bureau grossit, acquit très rapidement de nouvelles attributions, jusqu’à devenir en messidor le redoutable rival du Comité de sûreté, jusqu’à l’accuser de lenteur, jusqu’à se poser, à l’envi, comme pourvoyeur rapide de la guillotine.

L’affaire religieuse fut menée de même, avec prudence, en trois degrés. Le 6 avril, La simple énonciation d’un rapport sur une fête à l’Éternel. Un mois après, le 7 mai, un grand et habile discours pour Dieu et contre les prêtres, mais dans la con-