Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

triomphait de l’Europe et elle dépérissait en dessous.

Il devait lui arriver, comme à un vaisseau superbe qui règne sur l’Océan et qui porte dans son sein un monde de vers acharné à le dévorer.

Il est une ville de France, un port, dont plusieurs maisons, habitées par de nouveaux hôtes, peuvent s’écrouler un matin. Un vaisseau probablement les apporta des colonies. Depuis, maîtres absolus dans un quartier de La Rochelle, les termites, c’est leur nom, laborieux, silencieux, invisibles ouvriers, travaillent sans que rien les arrête. Un pieu neuf planté dans la terre est dévoré en vingt-quatre heures. Solives, lambris, portes, châssis de fenêtres, marches et rampes d’escaliers, tout mangé sans qu’il y paraisse. La forme seule reste. Vous appuyez sur ce bois ferme en apparence, vernis, reluisant, et la main enfonce, ce n’est que poussière. Les parquets cèdent sous les pieds ; on tâche de marcher doucement. Que sont les poutres en dessous ? On n’ose y penser. On vit suspendu à l’abîme…

Tel fut le réveil étrange de la Révolution, lorsque, toute préoccupée d’idées, de principes, de disputes et de factions, elle vit que par-dessous on pensait à autre chose, qu’il s’agissait d’intérêts, d’agio, de coalition, que tous s’entendaient avec tous.

De ces termites de 1794 et 1795, le nom était : Bande noire. Mais comment les reconnaître ? L’insecte, plus dangereux que celui de La Rochelle, vivait non dans la maison seulement et dans le