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concentrée n’y soit pas moins cupide, pas moins contre-révolutionnaire. L’âge des principes s’en va, celui des intérêts commence. Là se fera, sans nulle peine, la monstrueuse alliance des partis. Faux patriotes, aristocrates, tous vont spéculer ensemble.

On se rappelle Jourdan, l’homme de la Glacière, chassé par les constitutionnels, ramené par Barbaroux en triomphe dans Avignon. Cet homme portait alors le drapeau des Girondins. En 1794, il s’était rapproché des royalistes et spéculait avec eux. Du reste, grand patriote, bien reçu des Jacobins de Paris, le 11 nivôse il reçoit l’accolade de leur président ; le 28, il est reçu membre. On n’eût osé l’entamer, si, par un excès d’audace et d’effronterie, il n’avait soulevé contre lui la colère de l’Assemblée.

Le représentant Maignet envoya à la Convention une lettre où Jourdan, colonel de gendarmerie, désignait comme suspect un représentant qui avait passé à Avignon avec un congé de l’Assemblée. Jourdan se portait pour plus patriote que la Convention même. Merlin (de Thionville) et Legendre demandèrent que ce drôle fût envoyé au Comité de sûreté générale. D’autres appuyèrent. Jourdan fut arrêté, amené, épluché.

Et alors on en vit plus qu’on n’en voulait voir. Dans ses spéculations, il était l’associé du représentant Rovère, du comtat d’Avignon. Demi-Italien, ex-garde du corps du pape, riche, marquis de Fonvielle, changeant de figure tous les jours, tantôt