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pleurait sur le pauvre peuple. Les enfouisseurs se lamentaient. Les vieilles qui donnaient tout aux prêtres ne laissaient lever l’impôt chez elles que le sabre à la main. Donc je ne pouvais que vendre, vendre vite, vendre à tout prix. Plus on avançait, plus les ventes étaient difficiles. Le pauvre fut de suite à sec ; au second des douze payements arrivait le spéculateur. Et nous en étions bien heureux ; nous proclamions patriotes ceux qui se portaient acquéreurs et voulaient bien faire fortune… La République, hélas ! eut à faire sa cour aux riches. Sans argent, nous périssions. On les laissa acheter les biens communaux, ce patrimoine des pauvres. On les laissa acheter les biens ecclésiastiques, les plus faciles à revendre. On fit effort pour s’assurer qu’au moins les biens des émigrés seraient divisés en parcelles ; on défendit d’en acheter pour plus de cinq cents francs, plus de quatre arpents. Eh bien, impossible de vendre. La spéculation s’éloignait. Il fallut bien fermer les yeux sur la violation des lois. »

Cambon, du reste, est justifié par un mot même de Saint-Just.

Dans ce discours du 16 avril, il dit que le mode d’acquisition par annuités permettait d’agioter, et un peu plus loin : Qu’il faut tranquilliser les acquisitions, innover le moins possible dans le régime des annuités. — Établissant ainsi : 1° que ce mode est détestable ; 2° qu’il faut le maintenir.

Fatalité ! infranchissable mur où venait heurter la Révolution.