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voulu l’épouser. On eût cru, s’il eût répondu, qu’il l’aimait encore. Il aurait donné une prise qui l’eût fortement compromis.

Tout le monde exécra cette prudence. Le sens humain fut soulevé. Chaque homme souffrit et pâtit. Une voix fut dans tout un peuple, sans distinction de partis (de ces voix qui portent malheur) : « Oh ! ceci c’est trop ! »

Qu’avait-on fait en infligeant cette torture à l’âme humaine ? On avait suscité aux idées une cruelle guerre, éveillé contre elles une redoutable puissance, aveugle, bestiale et terrible, la sensibilité sauvage qui marche sur les principes, qui, pour venger le sang, en verse des fleuves, qui tuerait des nations pour sauver des hommes.

Sans preuves, pièces ni témoins (on ne peut nommer ainsi trois mouchards), ils furent tous convaincus d’avoir voulu égorger la Convention, rétablir la monarchie, usurper la souveraineté, etc. Le peuple, quoique habitué, ne put voir sans étonnement, confondu sur les charrettes, cet horrible plum-pudding, où l’on avait trouvé moyen de mêler toute nuance, toute opinion, tout parti.

L’évêque de Paris, placé là, était un grand enseignement pour les prêtres de ne plus se faire révolutionnaires. Avis à eux qu’ils seraient mis à mort par la République, s’ils étaient républicains. Qui en rit ? L’ancien clergé ! Pour les gallicans, les assermentés, ils crurent que Robespierre décidément marchait avec eux et conçurent beaucoup d’espoir.