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tragique. Il cherche et ressasse toujours, il fouille dans les inconnus, il va descendant et ne trouve rien. Plus d’hommes ! Quoi ! la vie est toute épuisée ? Non, sans doute, elle est ailleurs, mais décidément elle n’est plus dans les voies de Robespierre.

C’est dans cette horreur du vide qu’il se retourna violemment vers la source de la vie. Mais la retrouve-t-on comme on veut ? L’idée de Dieu est féconde, quand elle jaillit du cœur, quand cette idée est sentie dans son essence vitale, qui est la Justice. Le mot Dieu n’est pas fécond ; abstraction, verbalité, forme scolastique et grammaticale, si c’est là tout, n’espérez rien.

Comme Être suprême, c’est-à-dire comme neutralité politique entre la Révolution et le Christianisme, entre la Justice et la Grâce, c’était la stérilité même, l’aridité et le vide.

Ainsi, par horreur du vide, Robespierre tournait vers un vide pire encore, — car, sous forme vague et neutre, cette équivoque abstraction nullement neutre en réalité, arrêtait la vie nouvelle, tandis que la mort, le passé, à la faveur de ce nuage, relèveraient les vieilles pierres où pouvait heurter la Révolution.

L’idée bizarre de Robespierre était que la France avait perdu Dieu et qu’il allait le lui rendre. Dieu ! mais où n’était-il donc pas ? Qui ne le voyait aux frontières, illuminant de ses éclairs la marche de nos armées ? Qui ne le voyait dans l’humble dévouement