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et sort. Trois membres du Comité de sûreté arrivaient avec le décret. Voulland, en feu, le lui met dans la main. David dit : « Nous les tenons, et ils n’échapperont pas. »

Amar, livide comme un mort, s’efforçait d’être furieux. Deux hommes de Robespierre, son imprimeur Nicolas et son voisin, le papetier Arthur, meneur de sa section et membre de la Commune, allaient, venaient, frétillaient, se frottaient les mains.

Amar, voulant faire le brave, avança avec Voulland son visage à la lucarne. Ils furent rencontrés, traversés d’un éclair des yeux de Danton : « Regarde, dit-il à Desmoulins, regarde ces lâches assassins ; ils nous suivent jusque dans la mort. »

Le décret fut lu (soir du 4), et alors tout semblait fini. On avait encore un reste de jour, assez pour les guillotiner. Mais les jurés arrêtaient. Ces fermes et solides jurés, contre toute attente, montraient de l’hésitation. La résistance de Naulin avait été contagieuse. Les paroles de Danton, vibrantes jusqu’au fond des âmes, leur avaient révélé (plus encore que toute sa gloire populaire) quel grand homme ils allaient tuer. Sauf trois peut-être, Renaudin, Trinchard, Topino-Lebrun, les autres ne savaient plus ce qu’ils allaient faire.

Le dernier a assuré que jamais il n’eût pu se décider, si Herman ne leur eût montré une lettre qu’il dit venue de l’étranger et adressée à Danton.

Souberbielle a assuré que le cœur lui manquait