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tion du territoire, en comparaison de cette masse monstrueuse de fonds secrets confiés au Comité en 1793.

Danton parla presque tout le jour du 3. Et le compte rendu donne en tout six petites pages. Coffinhal a sabré tout ce qui était faits et preuves ; il a laissé les bravades, les paroles de fierté, qui, sans doute perçant par éclairs dans une forte discussion, échappant comme cris du cœur et de la dignité blessée, ne sont nullement ridicules, mais qui le deviennent quand on les isole de tout ce qui les soutenait. Ce barbare mutilateur, biffant les paroles suprêmes d’un homme si près de la mort, n’a songé qu’à faire de Danton un burlesque et un grotesque, conformément au mot d’ordre donné le 2 par Robespierre : l’idole et l’idole pourrie.

La foule immense qui entendit le 3 avril la justification de Danton, la trouva si concluante que, sous les yeux mêmes du Comité de sûreté, devant ce tribunal de mort, elle applaudit avec enthousiasme.

Alors Herman à Danton : « Tu es fatigué, Danton ; cède la parole à un autre ; je te la redonnerai après quelque temps de repos. »

Admirez l’hypocrisie du rédacteur des notes envoyées aux journaux : « Sa voix était altérée… Cette position pénible fut sentie de tous les juges, qui l’invitèrent à suspendre, pour reprendre ensuite avec plus de calme et de tranquillité. »

Herman, bien soulagé alors, voltigea tout à son aise de l’un à l’autre accusé, laissant dire un mot à