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c’est son histoire et sa mémoire, c’est celle des dantonistes, c’est celle de la Commune, de Glootz et Chaumette, celle des représentants montagnards, cruellement poursuivis pour leurs missions de 1793, qui sauvèrent la France, de juin en octobre, avant que le Comité agît.

Toute la gloire de la Montagne a été monopolisée par le Comité, celle du Comité par Robespierre : c’est-à-dire l’histoire républicaine a été constamment écrite dans le sens monarchique, au profit d’un individu.

« Prenez garde ! disent-ils, prenez garde ! si vous touchez à Robespierre, vous blessez la République ! » Je le sais parfaitement, ces choses sont identiques en vous ; tout ce que vous comprenez de la République, c’est la dictature, le suicide de la République.

Nous établissons dans ce livre que la dictature collective des comités fut pour un moment, d’octobre en décembre, la défense et le salut. Là elle devait cesser. Mais la dictature d’un individu avait commencé ; elle s’empara de toutes les forces matérielles dans les six semaines qui suivirent la mort de Danton, lançant la France dans une voie rapide de réaction monarchique qui fut applaudie de l’Europe, et que la contre-révolution continua après Thermidor.

La chute de la République date pour nous non de Thermidor où elle perdit sa formule, mais de mars, d’avril, où elle perdit sa vitalité, où le génie