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On défend les conspirateurs, pourquoi ? Parce que l’on conspire. »

La presse de cette époque est si durement bâillonnée que pas un journal n’a osé mentionner la résistance de la Montagne. Par qui la connaissons-nous ? Par l’unique témoignage de celui qui l’étouffa. C’est Robespierre, qui, dans ses notes secrètes contre plusieurs Montagnards, nous apprend que Delmas et autres demandèrent qu’au moins un vote de cette importance ne fût pas ainsi enlevé, mais qu’on avertît les membres de tous les comités, dispersés dans les bureaux, afin qu’ils vinssent voter.

Le journal des Jacobins, dit Journal de la Montagne, attentif ici, comme partout, à favoriser Robespierre, et qui a très adroitement caché son éclipse du 5 septembre, fait effrontément une addition pour faire croire que Robespierre ne veut rien que de raisonnable : « Demander que des coupables soient entendus avant leurs dénonciateurs, c’est plaider leur cause. » Ces trois mots ne furent pas dits.

La droite avait applaudi au mot innocence. L’innocente, c’était la droite, les Sieyès, les Durand de Maillane, les Boissy d’Anglas. La coupable, c’était la Montagne. La droite et le centre soutinrent Robespierre, comme au jour où la Montagne voulait lui ôter Héron. Alors ils lui sauvèrent Héron, son couteau contre Danton ; et le 1er mars, ils lui donnèrent Danton, Desmoulins, la vie de la République, les obstacles naturels de la future réaction. Qu’auraient été les Boissy et tous ces héros, si Danton avait vécu ?