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compromis par sa protestation contre le 31 mai, était, de sa nature, un instrument très docile. Cambacérès, Treilhard, Berlier, légistes impériaux, nés pour formuler en lois les volontés de César, n’avaient garde d’objecter à rien. Cambacérès, le 3 juin, avait proposé, fait passer le décret qui fermait le pouvoir à Robespierre, et depuis se mourait de peur. Le Comité de législation avait déjà perdu Fabre et il allait perdre Lacroix ; chacun craignait que cette contagion de mort ne vînt jusqu’à lui.

Donc on l’appela dans la nuit, ce Comité tremblant, docile. Si l’on voyait résistance dans les Comités de salut public ou de sûreté, on était à même de faire voter les légistes et d’avoir, par eux, une majorité pour écraser tout.

Le projet, en réalité, était magnifique pour Carnot et pour Lindet ; on leur immolait enfin leur mortel obstacle, le ministère de la guerre : on les faisait rois.

Le droit de préhension, vieux mot monarchique, le droit de requérir et prendre toutes choses nécessaires au salut public fut ôté aux représentants en mission, à toutes les autorités, et placé uniquement dans les mains de la commission des approvisionnements, c’est-à-dire dans la main de Lindet.

Ces commissions ne répondaient pas exactement aux anciens ministères. On avait, par exemple, démembré l’Intérieur et la Justice, en tirant de