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Pourtant, quand ce mot horrible que personne n’eût osé dire fût lâché, Robespierre sauta… Il s’écria comme l’homme qui a un cruel apostume dont il souffre infiniment ; si pourtant on y met l’acier, la piqûre libératrice lui arrache un cri.

Il fut, je n’en fais nul doute, effrayé, navré, ravi : « Quoi ! dit-il, vous tuerez donc tous les premiers patriotes ! » La responsabilité resta tout entière à Billaud de la chose qui ne pouvait profiter qu’à Robespierre.

Couthon était Robespierre même, et Saint-Just plus que Robespierre. Il mordit à la chose par son génie de tyran, par son orgueil de probité, croyant volontiers tout ce qu’on disait de la corruption de Danton, tenté aussi par le péril et l’audace d’un tel coup.

Collot d’Herbois, fort branlant, trop heureux d’être à temps séparé d’Hébert, seul hébertiste dans le Comité, n’osa tout à coup se faire dantoniste et démasquer l’alliance. Carnot, Barère, avaient sujet d’être encore plus inquiets. Lindet, plongé dans ses bureaux, s’y renfonça plus que jamais et seulement fit sous main avertir Danton. Il l’a nié, parce qu’alors il craignait Billaud-Varennes.

Danton était averti de tous les côtés. Le greffier du tribunal révolutionnaire, Fabricius Paris, qui, ce soir-là, était allé au Comité et qui attendit la nuit, saisit quelque chose à travers les portes et le matin courut à Sèvres. « Eh bien, n’importe ! dit-il, j’aime mieux être guillotiné que guillotineur ! » — On lui disait de se cacher, de fuir. Danton haussa les