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la proposition hardie et désespérée de faire arrêter Héron.

Héron, l’agent public du Comité de sûreté, l’agent secret de Robespierre. Le Comité eut sacrifié cet agent robespierriste. Qui donc y tenait ? Robespierre. C’était sur lui seul que le coup tombait ; c’était lui qu’il dévoilait. Il était poussé à cette impasse : ou il abandonnait Héron, et il était désarmé : ou il défendait Héron, et avouait que son pouvoir n’était pas seulement d’éloquence, mais de police et de gendarmerie. Ce triste mystère d’État était dévoilé.

Le pur et chaste Robespierre n’avait aucune espèce de rapport visible avec la police. Jamais il ne vit Héron.

Du petit hôtel (démoli) où se tenait le Comité de sûreté jusqu’aux Tuileries où était le Comité de salut public, régnait un corridor obscur. Là venaient les hommes d’Héron remettre les paquets cachetés. Souvent encore de petites filles portaient les lettres ou les paquets chez la grande dévote du Sauveur futur, Mme Chalabre.

Le Comité de sûreté, dominé, brutalisé par David, était obligé de garder ce Héron et en avait peur. Robespierre, infiniment crédule pour ceux qui avaient une fois sa confiance, n’eût pas voulu entendre parler d’un autre homme.

Cela rendait Héron d’une insolence incroyable. Il crachait sur les députés.

Bourdon dit. L’Assemblée vote. Voilà Héron arrêté.