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n’allant qu’aux tribunaux ordinaires, Fabre pouvait, par le bague, éviter la guillotine.

Robespierre ne le permit pas ; il remit la chose au point d’un crime d’État. Et, s’adressant à la Convention : « La corruption de quelques individus fait glorieusement ressortir la vertu de cette auguste assemblée… Peuple ! où a-t-on vu encore celui qui est investi du pouvoir tourner contre lui-même le glaive de la loi ? Où a-t-on vu un sénat puissant chercher les traîtres dans son sein ? Qui a donné ce spectacle ? Tous, citoyens, et vous seuls ! »

Encouragement délicat, pour décider l’Assemblée à trouver bon qu’on la saignât, qu’on lui coupât bras et jambes.

Parlait-il sérieusement ? Quoi qu’il en soit, de telles paroles sont justement ce qui l’a fait le plus mortellement haïr. Le 5 février déjà, il avait lancé celle-ci, qui parut horriblement équivoque : « La terreur est le ressort du gouvernement despotique. Est-ce que votre gouvernement ressemble donc au despotisme ?


Nouvelle saignée le 17 mars. Saint-Just demande la vie d’Hérault de Séchelles et de Simon.

On se rappelle cette pièce énigmatique que Robespierre jeune avait apportée de Toulon et que gardait Robespierre. À cette époque, voulant, par Hérault, entraîner les dantonistes et, en général, les représentants revenus de mission, il terrorisa Billaud, Collot, tout le Comité. Il exhuma cette pièce : « Il y a un traître ici… Voyez entre vous. »